Les caricatures
Définitions
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Qu'est ce qu'une caricature ?
Une caricature est un dessin, peinture qui, par l'exagération de certains traits choisis, donne une représentation satirique.
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Qu'est ce qu'un dessin humoristique ?
Un dessin humoristique est une représentation satirique ou comique sous forme de croquis d’une personne ou d’une scène.
Contexte historique
LES CARICATURES AEROPORTEES PAR LES ALLIES EN FRANCE
Qu'est ce que les caricatures aéroportées par les alliés en France ?
Durant la Seconde Guerre Mondiale et plus particulièrement pendant l’occupation de la France par les troupes allemandes, les alliés vont aider les Français en utilisant l’art et la littérature. Ils vont utiliser le parachutage de tracts, dessins, journaux, etc.
Ces largages sont principalement organisés à partir du Royaume Uni. Les Anglais, leurs alliés et la France Libre veulent envoyer des messages de soutien aux Français dans les territoires occupés.
La France Libre est une organisation basée à Londres qui représente la Résistance française. D’abord constituée de militaires, elle est ensuite rejointe par des civils. Charles de Gaulle est à la tête de la France Libre.
Le but de ces parachutages est d’envoyer aux Français des messages d’espoir et de résistance :
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ne pas accepter la défaite et l’occupation du territoire par l’Allemagne,
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refuser le Régime de Vichy, sa politique et son idéologie collaboratrice et antisémite,
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défendre la République et ses valeurs,
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ne pas baisser les bras pour sa famille et sa patrie.
Des dessins, chansons, journaux et poèmes sont parachutés sur la France.
Entre 1940 et 1944, la Royal Air Force va larguer deux journaux : La France Libre et Horizon.
Au total, ce sont près de 678 millions de tracts et autres publications qui sont largués sur la France métropolitaine par la France Libre et ses alliés anglais.
Caricature de Mussolini | Réception d'un parachute allié |
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Doryphore et Fridolin | Dorittor und Friedbolin |
UN EXEMPLE DE CARICATURES AEROPORTEES : DORYPHORE ET FRIDOLIN
Voici deux exemples de tracts aéroportés :
Ces deux dessins sont des caricatures extraites de l’hebdomadaire L’Amérique en guerre qui était un journal parachuté en France par les Américains. Elles sont extraites de journaux datant du 4 octobre 1943 pour la première et du 1er décembre de la même année pour la seconde.
Ces dessins humoristiques mettent en scène deux personnages, caricatures de soldats allemands, Doryphore et Fridolin (Dorittor und Friedbolin en allemand.)
Ces personnages symbolisent parfaitement l’une des méthodes de la propagande alliée : présenter les soldats allemands comme les victimes de la folie de leur chef Hitler. En effet, ces deux soldats sont montrés comme naïfs et « inconscients » de leur situation ; ils ne se rendent pas compte des atrocités qu’ils commettent.
Les dessinateurs, ayant imaginé ces dessins humoristiques, ont poussé la caricature jusque dans les noms des personnages ; en effet, le nom « Doryphore » vient de celui d’un insecte ravageant les plants de pomme de terre, mais c’est également le surnom qui était donnée aux Allemands qui « pillaient l’économie française ». Le nom de « Fridolin » viendrait du prénom Fritz (qui a donné le mot « frisé » pour qualifier les Allemands).
Les tracts anonymes, les caricatures griffonnées à la sauvette
Ces moyens de résistance étaient diffusés clandestinement, dans des journaux clandestins, ainsi que dans les poches de personnes, griffonés ou collés discrètement sur les murs.
Voici quelques exemples de caricatures d’Hitler :
A travers ces caricatures, on peut reconnaitre Hitler, grâce à sa moustache et sa frange sur le côté.
Dans la première et la deuxième caricature, Hitler est représenté par une potence et une guillotine, sous entendu un traitre qui va mourir. La guillotine est le mode d'exécution utilisé en France : cela suggère donc la victoire de la France sur Hitler.
Dans la troisième caricature, il est représenté par une « tête de mort », un crâne, afin de montrer le sort que mérite Hitler c’est à dire un homme rongé par ses torts, un homme mort.
La victoire française est suggérée d’une façon sévère et radicale : c’est à dire la mort d’Hitler (sans espoir et sans moyens de riposter).
Le tract ci-dessus est un dessin représentant quatre cochons et qui, une fois plié, représente le visage d’Hitler. A travers ces cochons, l’auteur a voulu se moquer et discréditer Hitler car cet animal est associé à un être inutile, puant, sale, stupide, laid, immonde.
Ce tract requiert une technique de pliage, car sans cela ce tract représente de simples dessins sans impact, mais une fois le pliage effectué, on peut voir et comprendre son vrai message.
L’intérêt de cette méthode de diffusion est qu’elle est très discrète et efficace. C’est-à-dire que le risque de se faire arrêter est très rare, car il est inimaginable de penser à travers ces dessins qu’il peut y avoir un soupçon de résistance.
Les dessins de la presse clandestine
Qu'est ce que la presse clandestine ?
Après l'armistice du 22 juin 1940 et l'occupation d'une partie du territoire national par les troupes allemandes, le gouvernement français, replié à Vichy, se lance dans une politique de collaboration largement répercutée par la presse et les médias. Les paroles et les écrits sont contrôlés, censurés, tant en zone nord par les Allemands qu'en zone sud par le gouvernement du maréchal Pétain. Contrôlée, uniformisée et limitée dans le choix de ses informations, la presse doit se plier à la propagande.
En marge de cette presse autorisée, une presse clandestine apparaît et se met progressivement en place. Contrepoids de choc à la presse censurée, son action ne va cesser de s'amplifier.
Des hommes et des femmes vont ainsi continuer la lutte en utilisant la seule voie qui leur reste : l'écriture. Pour ces combattants du verbe, il s’agit alors d’informer, de dénoncer l’adversaire, de le dénigrer, de réveiller les consciences, l’opinion publique en lui apportant des éléments de réflexion et d’autres lectures que celles de la propagande allemande et du gouvernement de Vichy. Les premiers papiers, les premiers tracts circulent dès l'été 1940, en zone occupée comme en zone libre.
La "guerre des mots" s'engage.
Cependant, la publication de journaux clandestins n’est pas sans difficultés :
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D’une part, nous avons la question épineuse de la diffusion des journaux qui est problématique car il faut agir dans l’ombre sans prendre le risque d’être découvert par les nazis, la police…
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D’autre part, les problèmes d'ordre technique auxquels sont confrontés ces combattants de l'ombre tel que : conception, réalisation, financement, collecte de l'information, la recherche de rédacteurs, l'approvisionnement en matériels divers …
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Et enfin, la répression frappe aveuglément tous ceux susceptibles d’avoir réalisé, diffusé ou simplement lu ces textes. Perquisitions, saisies et arrestations se multiplient. Des milliers de personnes sont arrêtées, déportées, exécutées.
Certains problèmes techniques comme le coût de la publication, la difficulté de trouver du papier, la difficulté de diffusion et la répression, pousse la presse clandestine à favoriser la publication de tracts et non de journaux grand format comme on pouvait en trouver à cette époque.
Elle favorise également la publication de texte plutôt que de caricatures ou de dessins humoristiques par souci économique, compte tenu du coût du papier, mais il faut également prendre en compte le fait que tous les résistants ne sont pas des dessinateurs de talents. Les dessins sur les tracts de la presse clandestine sont donc rares.
La survie de cette presse est très difficile :
Certains journaux, face à toutes ces contraintes, ne durent ainsi que le temps de quelques numéros. Cependant, un certain nombre de journaux réussissent à sortir assez régulièrement de nouveaux numéros.
Instruments de combat, ils sont les messagers de la résistance, de l'espoir et de la liberté.
Forte d'une certaine puissance, la presse clandestine crée un véritable mouvement national en regroupant les principaux journaux clandestins des deux zones, préparant activement l'après-guerre.
Exemples de dessins issus de la presse clandestine
Première de couverture du journal "L’espoir" | Imprimerie de la presse clandestine |
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Différents premières de couverture, issues de différents journaux clandestins | Machine à écrire et salle d'impression des journaux |
Caricature de la presse clandestine, représentant le maréchale Pétain |
Observons les deux illustrations ci-dessous : ce sont deux couvertures de journaux de la presse clandestine, notamment du journal Le Front Patriotique de la Jeunesse et du journal La Jeunesse Ouvrière .
Sur le premier document, nous pouvons voir des ouvriers courant vers des usines françaises. Nous pouvons également voir une ligne séparant le territoire français du territoire allemand. Sur le territoire français, des usines et un soleil levant sont visibles ; et sur le territoire allemand, nous pouvons voir des cimetières, des zones de bombardements et des camps de concentration.
Il est écrit en bas des illustrations de ce document : « NOUS VOULONS FAIRE NOTRE APPRENTISSAGE EN FRANCE, NOUS VOULONS UN METIER EN FRANCE, NOUS VOULONS DES LENDEMAINS QUI CHANTENT » mais aussi « A BAS LA DEPORTATION EN ALLEMAGNE » et enfin « JEUNES OUVRIERS, EXIGEONS NOTRE APPRENTISSAGE EN FRANCE, EXIGEONS DE TRAVAILLER POUR LES BESOINS DE LA FRANCE. ». Ce dessin est tiré du journal La Jeunesse Ouvrière, il est paru en novembre 1942.
Le but de ce dessin est d’inciter les jeunes ouvriers à faire leur apprentissage en France et surtout de ne pas adhérer à la Relève. Instaurée par le régime de Vichy et les nazis en juin 1942, la Relève consiste à rapatrier un prisonnier de guerre pour trois ouvriers qualifiés partant travailler en Allemagne.
Ce dessin présente plusieurs arguments pour dissuader les jeunes à partir :
Les nazis fusillent des "otages". Dans le cimetière, on lit le nom de Guy Môquet, qui fait partie des 27 otages fusillés à Châteaubriant, le 21 octobre 1941, en représailles de l'assassinat à Nantes par des résistants de Karl Hotz, commandant des troupes d'oocupation de Loire-Inférieure.
Guy Môquet avait 17 ans.
Il est dangereux de travailler en Allemagne car les usines risquent d'être bombardées par les Alliés.
En Allemagne, il y a les camps de concentration, mis en place dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir, en 1933
Sur le deuxième document, nous pouvons voir un ouvrier français tenant une pioche à la main, il est représenté comme un prisonnier forcé au travail, il est vêtu de lambeaux et il œuvre sous le regard sévère du soldat allemand qui le surveille.
L’auteur de ce dessin, paru en 1943, serait Le Front Patriotique de la Jeunesse, mouvement de résistance.
Les réfractaires sont les jeunes qui refusent de se soumettre au STO
Le STO est comparé à de l'esclavage
Ce document évoque le STO (Service de Travail Obligatoire).
Instauré par le régime de Vichy en février 1943, à la demande de l'Allemagne nazie et dans le cadre de la collaboration d'État, ce Service du Travail Obligatoire prévoyait initialement l'envoi d'un million et demi de travailleurs français en Allemagne. C’est finalement 700.000 Français qui iront travailler en Allemagne dans le cadre du STO, qui a été très impopulaire et a conduit de nombreux Français à entrer dans la résistance.
Comme expliqué auparavant, la presse clandestine favorise la publication de texte et non de dessin, mais comme il est visible, sur ces affiches, c’est la caricature et le dessin qui sont mis en avant et qui livrent le message essentiel. Cependant, il est clair que ces dessins ne sont pas faits par des professionnels. Le message n'est demeure pas moins fort.
Ces dessins dénoncent avant tout, le fait que les Allemands profitent de la main d’œuvre française qualifiée et de la situation de la France vaincue, pour exploiter ces travailleurs et les priver de leur famille comme des prisonniers.
Ces journaux s’adressent au peuple français pour une fois de plus éveiller les esprits ; mais également, indirectement, aux nazis pour exprimer leur colère face à ce Service de Travail Obligatoire.