Jean Moulin, artiste
Biographie de l'artiste
Jean Moulin (1899-1943).
En septembre 1941, il rejoint l'organisation de résistance la France libre à Londres en passant par l’Espagne et le Portugal. Il est reçu par Charles de Gaulle à qui il fait un compte rendu de l’état de la Résistance en France et de ses besoins, notamment financiers et en armement. De Gaulle donne alors pour mission à Jean Moulin d'unifier les mouvements de résistance. Jean Moulin parvient à se faire reconnaître et à se faire admettre comme chef du CNR (Conseil National de la Résistance) qui réunit les dirigeants de tous les groupes de la résistance française. Le CNR représente alors l'unité des forces résistantes françaises aux yeux des Alliés et l'embryon d'une assemblée politique représentative.
Au moment de la 2nde guerre mondiale Jean Moulin est préfet d'Eure-et-Loir. Il se trouve à Chartres en 1939.
Frise chronologique de son parcours professionnel.
Sous le nom de Romanin, sa passion est le dessin. Ses premières oeuvres sont visibles au Salon de la Société des beaux arts de Chambery en juillet 1922. Jean Moulin se spécialise dans les dessins festifs et les caricatures. Dans le tableau ci-contre il mélange la caricature et la festivité. Il présenta d'ailleurs cette oeuvre au Salon de la Société.
Sous le poste de sous-préfet de Savoie, il rencontre le couple de Pierre et Nena Cot. Tous les ans, ils partent au ski ensemble. Les destinations hivernales préférées de Jean Moulin sont la station de Megève et de Font-Romeu. Il fréquente aussi toute personne ayant un rapport avec l'art et le dessin. En 1925, il se rend à Paris, quartier Montparnasse pour rencontrer des intellectuels et des artistes.
Jean Moulin fonctionnaire et artiste
Pour éviter d’être repéré par le gouvernement de Vichy et les nazis au moment où sa mission devient plus importante, et afin de s’assurer une meilleure couverture, Jean Moulin décide d’ouvrir une galerie d’art à Nice « la galerie Romanin » du nom de son pseudonyme d’artiste. Le choix de la ville ne tient pas au hasard. De nombreux galeristes et artistes y sont réfugiés. Il fait la demande officielle à la préfecture des Alpes-Maritimes le 16 octobre 1942.
Sa passion de l'art l'habite et le porte. Ses qualités d'artiste lui assurent une couverture crédible pour son action de résistant.
Cela lui permet de circuler sur tout le territoire français, sous le prétexte qu'il doit rencontrer des artistes.
L'art comme couverture pour resister
La collection personnelle de Jean Moulin et des toiles de maîtres y sont exposées : Bonnard, de Chirico, Degas, Duffy, Friesz, Kisling, Laprade, Matisse, Rouault, Soutine, Utrillo, Valadon... Passionné d’art, Jean Moulin montre un réel intérêt pour les peintres modernes et avant-gardistes.
Dominique Veillon, directrice de recherche honoraire au CNRS présente la partie de l'exposition consacrée aux talents d'artiste de Jean Moulin.
Mais le 21 juin 1943, suite à une dénonciation, Jean Moulin est arrêté par les Allemands sous la fausse identité du peintre Jacques Martel. Torturé très sévèrement par Klaus Barbie, il meurt vraisemblablement le 8 juillet 1943 lors de sa déportation vers Allemagne. Un hommage est rendu au plus grand résistant français : Le 19 décembre 1964, par un jour glacial, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon, en présence du général de Gaulle. Le ministre de la culture, André Malraux prononce alors un discours resté gravé dans les mémoires. Il y fait référence au talent d'artiste de Jean Moulin et rappelle que le dessin a été son ultime acte de résistance : "Le jour où, au Fort Montluc à Lyon, après l'avoir fait torturer, l'agent de la Gestapo lui tend de quoi écrire puisqu'il ne peut plus parler, Jean Moulin dessine la caricature de son bourreau" (extrait du discours d'André Malraux, 19 décembre 1964)
Le discours d'André Malraux à la mémoire de Jean Moulin
Le rôle de Jean Moulin dans la Résistance française a été déterminant. Son action a été bien au delà de la résistance par l'art, mais sa passion pour le dessin et la peinture l'a porté jusqu'au bout. En se mettant au service de la France Libre, il a utilisé l'art comme couverture pour résister efficacement aux nazis.
