Joseph Steib
Biographie de l'artiste
Joseph Steib (1898-1966), est un franco-allemand alsacien originaire de Mulhouse.
En effet, en 1940, l'Alsace est annexée par l'Allemagne : les Alsaciens deviennent donc allemands.
C'est un artiste peintre non-professionel, il travaille au service des eaux de la mairie de Mulhouse et est mis à la retraite à l'âge de 45 ans en raison de sa santé fragile.
Quand l’Alsace est annexée par l’Allemagne , il change de style de peinture et réalise des peintures de résistance.
Les trois thèmes traités par Steib sont : le régime nazi, Hitler, et les exactions commises par les nazis. Il représente Hitler sous différentes formes comme un agglomérat de porcs, en diable, en pendu mais aussi prosterné devant Dieu.
Ce sont des oeuvres qui dénoncent Hitler et son régime.
La revanche du peintre Joseph Steib contre le régime nazi
Son œuvre intitulée La dernière scène fait référence à la Cène originale de Léonard de Vinci.
Dans cette caricature blasphématoire(=qui critique Dieu), Hitler prend la place de Jésus, le bras levé, un papier à la main « Mais il y en a un qui me reniera. » phrase biblique référence au tableau de Léonard.
Cette œuvre est le symbole de l'opposition de Steib à Hitler. Elle montre, comme son titre l'indique, la dernière représentation donnée par Hitler et ses collaborateurs les plus proches avant leur disparition définitive. Cette disparition est annoncée dans le tableau, au plus tard pour 1944.
La dernière scène
Tableau de Joseph Steib
réalisée en 1943 est une huile sur toile
44,3 x 77.8 cm
La Cène
de Léonard de Vinci
1495–1498
4,6 m x 8,8 m,,
Église Santa Maria delle Grazie de Milan
Le Conquérant
Dans cette œuvre de 1943 c'est à la façon du célèbre peintre italien Arcimboldo que Steib a tourné le dictateur en ridicule.
Ce tableau se distingue de tous les autres de la série.
Il apparaît comme l'affiche de tout le cycle : Steib l'avait placé dans une position centrale au moment de l'exposition de 1945, sans doute au milieu d'un panneau mural, dans l'axe de l'entrée de la salle.
Il est aussi hors normes :
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par son grand format : 89,5x58,5 cm (hors cadre) alors que les autres tableaux de Steib sont très petits,
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par le sujet : un buste gigantesque d'Hitler,
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par une forme d'encadrement peint.
Contrairement à la grande majorité des autres œuvres, Hitler est ici colossal. Les tons du tableau sont principalement des couleurs acidulées.
La figure composée du Führer est une mise en abîme animalière qui le ridiculise :
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un porc ou porcelet retourné sur le dos constituant la partie inférieure du visage du dictateur
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un chat diabolique à l'horizontal représentant l'oreille
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un aigle qui coiffe le haut de la tête et enserre le front, son corps est la chevelure d'Hitler alors qu'une aile représente sa mèche et son bec devient à son tour un oiseau ayant un bec
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les yeux constitués de chats-huants et des serres de l'aigle.
Le but de Steib est ici d'avilir Hitler en le comparant à des animaux comme le porc qui se vautre dans la boue ou l'aigle qui est un rapace, un prédateur.
Steib annonce ici la fin prochaine d'Hitler :
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Hitler est affublé d'ailes qui rappellent celles d'Icare : Icare s’est brulé les ailes par orgueil ce qui a provoqué sa chute. Pour Steib, Hitler est comme Icare.
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La casquette est immense et disproportionnée : trop grande pour Hitler, comme son ambition,
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Des inscriptions ricaneuses et prémonitoires prédisent la fin du Reich. Par exemple : "L'aigle s'effacera et le soleil brillera".
Ce tableau de 1944, est spécialement dur : pour démontrer la barbarie nazie, Joseph Steib a littéralement accumulé les modes d'exécution pratiqués par les bourreaux : par balle, par pendaison, par le feu... La composition est originale car les soldats allemands entourent les victimes dans une spirale partant du bas du tableau. La scène a lieu sur une place ou dans une rue. Au 1er plan des soldats viennent de tirer : les canons de leurs fusils apparaissent et semblent faire des casques à pointe.
Ce tableau constitue une charge grossière et, pour partie, scatologique. Steib détourne un dicton populaire "Jedem das Seine" : À chacun son dû, formule remise en vogue par les nazis qui les amenait à justifier les pires violences. Avec un cynisme des plus cruels, les nazis l'avaient inscrite dans la ferronnerie de portails de certains camps, dont celui de Buchenwald. Steib considère comme logique la fin d'Hitler après toutes les violences et vexations faites à autrui sous son ordre.
Ce tableau de 1939 est très intriguant, il s'apparente à des "doubles images" représentant deux choses en un. Dans une forêt automnale apparaît la tête gigantesque du dictateur. Son visage se fond avec les couleurs des feuilles qui épousent son buste. Le personnage semble surgir de terre et hurler un discours. De sa bouche jaillit une forme de serpent, en réalité une forêt d'acier. À gauche, les feuilles forment une date semblant être "1945" mais qui est en réalité "1944".
Ce tableau de 1944, est spécialement dur : pour démontrer la barbarie nazie, Joseph Steib a littéralement accumulé les modes d'exécution pratiqués par les bourreaux : par balle, par pendaison, par le feu... La composition est originale car les soldats allemands entourent les victimes dans une spirale partant du bas du tableau. La scène a lieu sur une place ou dans une rue. Au 1er plan des soldats viennent de tirer : les canons de leurs fusils apparaissent et semblent faire des casques à pointe.
L'activité artistique de Joseph Steib est un acte de résistance :
Ce genre d'œuvre est particulièrement dangereux en Alsace car cette région est soumise au régime totalitaire nazi. La population doit donc montrer son adhésion au régime nazi. La Gestapo peut à tout moment perquisitionner les logements. Dans le cas de Steib, être résistant c'est risquer l'arrestation, la déportation et la mort en refusant de se soumettre au régime totalitaire nazi.
Steib montre ses œuvres à des visiteurs qui viennent à son domicile. Faire connaître des œuvres qui ne sont pas dans le style apprécié par les autorités, qui dénoncent violemment l'occupant et son régime, c'est une forme de résistance.