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Les éditions de Minuit

Contexte historique

Les Editions de Minuit sont une maison d'édition clandestine fondée par Jean Bruller et Pierre de Lescure en 1941, pendant l'Occupation allemande.

 

Le premier titre, publié en février 1942, est Le Silence de la mer. Son auteur est Vercors, alias Jean Bruller.

 

Nombres d'oeuvres d'auteurs furent ainsi publiées jusqu'à la libération de Paris grâce à une poignée d'imprimeurs courageux.

Edition originale du Silence de la mer de Vercors.

Au début, pour Vercors, trouver un éditeur qui veuille bien prendre des risques fut complexe. Il s'adresse tout d'abord à Ernest Aulard qui savait faire un travail de qualité car il voulait que les éditions de minuit soient élégantes et luxueuses contrairement aux autres presses clandestines.

 

Le père Aulard le met donc en contact avec Claude Oudeville qui tient une petite imprimerie, boulevard de l'Hôpital à Paris. Il travaille seul, ce qui est un avantage pour garder le secret.

 

Oudeville consent finalement à tirer Le Silence de la mer, feuille à feuille, entre deux commandes. Aulard offre le papier et lui fournit les caractères. L'impression de la nouvelle de Vercors prend deux longs mois et n'est achevée que le 20 février 1942. Suite à cela, Oudeville ne peut pas continuer à imprimer clandestinement. Il a en effet embauché une personne qu'il connaît peu.

 

Au printemps 1943, Ernest Aulard prend le relai dans son imprimerie où il restera tous les dimanches jusqu'au jour de la Libération.

Jean Bruller

Les différentes étapes de la publication

 

Une fois le volume imprimé, il s'agit de le brocher. Père Aulard pense tout d'abord à une amie d'enfance: Yvonne Paraf.

 

Les dirigeants de cette maison d'édition prennent d'extrêmes précautions afin que les différents acteurs (imprimeur, brocheur, distribueur) s'ignorent.

 

Les livres sont entreposés, en premier lieu, dans le Comité d'Organisation du Bâtiment, dans le bureau d'une amie de Pierre de Lescure. Mais une perquisition des bureaux voisins alerte le groupe. Ils changent finalement de "planque" et s'installent dans le bistro de Monsieur Bachelet.

De là, les paquets sont acheminés chez Yvonne Paraf, près du Trocadéro, qui, grâce à sa voiture se charge du transport.

 

Vercors lui apprend à brocher et ils seront ensuite aidés par d'autres femmes. Ces femmes courageuses mettent environ 15 jours pour brocher 500 volumes pendant que Jean Bruller replie et colle les couvertures dans la cuisine.

 

Une fois l'impression et le brochage faits, il reste une dernière étape : la distribution. Lescure entre en contact avec des étudiants qui vont diffuser les volumes des Editions de Minuit. Quand Pierre disparaît (arrêté par la Gestapo puis relâché plus tard), Jean Bruller demande aux acteurs du mouvement "Ceux de la Résistance" d’assurer le transport et la distribution des volumes, mais ce système connaîtra un échec qui poussera Vercors à livrer de nouveau les exemplaires au domicile des abonnés avec l’aide d’Yvonne Paraf, de Simone Michot et de Gilberte Chapuis qui traversent tout Paris à pied, en métro et à bicyclette.

 

Ce réseau bien organisé est très efficace. Yvonne Paraf livre également les volumes à certaines librairies, notamment celle de Lucien Scheler dans la Rue de Tournon qui devient un des points de ralliement où convergent les messagers des Editions de Minuit.

 

Nombre d'auteurs ont pu publier leurs livres grâce aux Editions de Minuit et sans eux, elles n'auraient pu exister. 

 

Photographie du dos des volumes

des éditions de Minuit

 

Après la guerre, les ouvrages clandestins des Editions de Minuit ont été réimprimés.

Mis bout à bout, les mots « Editions » et « Minuit » apparaissent. Au milieu se trouve l’étoile bleue, symbole de la maison d’édition.

Quelques oeuvres publiées clandestinement aux éditions de Minuit 

 

Un volume collectif, Chroniques interdites, parait en avril 1943. Un autre, L’Honneur des poètes, en juillet, rassemblait des poèmes recueillis par Paul Eluard. Le Cahier noir, de François Mauriac, est publié en août ;  Le Musée Grévin, d’Aragon, en septembre.

Le musée Grévin est un poème de François la Colère qui est un des pseudonymes de Louis Aragon ; de nombreuses oeuvres sont publiées de manière anonyme.

Ce roman La modification a été écrit par Michel Butor.                                                           

Cette oeuvre est un roman qui s'intitule Ma chère LiseIl a été écrit par Vincent Almendros puis publié par les éditions de Minuit.

La résistance est le processus de remise en question de la position qu'un individu; ou un groupe occupe; dans un système social, ainsi que l’action qui en découle.

Cet acte, qu’il soit verbal ou physique, s’accompagne nécessairement de l’existence d’une opposition.

 

Un acte de résistance peut être militaire; attentats, sabotages, attaques de convoi; ou « civil »; art et journalisme. La résistance par l'art et la littérature consiste à publier des poèmes, des tableaux, des chansons, des journaux clandestins...

 

Les éditions de Minuit publient des livres de manière officieuse depuis sa création par Pierre de Lescure et Jean Bruller en 1941. Elle ne peut publier publiquement car ses recueils et ses livres critiquent l’occupation allemande, les nazis et leur propagande.

Plusieurs personnes risquent leur liberté voire leur vie en adhérant à ce projet. Imaginez ! Ils transportent des livres clandestinement et les en impriment en secret « au nez et à la barbe» de l’occupant ! 

 

Les nazis vont rapidement découvrir cette édition clandestine, ce qui va encore augmenter le danger pour les protagonistes, ils seront en effet activement recherchés par les allemands.

Un des membres de cette édition, Pierre de Lescure, sera d'ailleurs arrêté par la Gestapo puis relâché faute de preuve.

 

En conclusion, les éditions de Minuit, en choisissant de publier de manière secrète des textes polémiques pour contrer l’occupation allemande, font acte de résistance.

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