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Charlotte Salomon

Charlotte avant la guerre

Charlotte Salomon née le 16 avril 1917 à Charlottenburg en Allemagne,  est une jeune artiste juive réfugiée en France après la Nuit de Cristal (1938).

 

Elle s’installe à Villefranche sur mer, dans le sud de la France. Elle y retrouve ses grands-parents, réfugiés là peu après l’accession au pouvoir d’Hitler.

 

Sa vie bascule quand la guerre éclate entre la France et l'Allemagne.

 

 

 

La tragique histoire de Charlotte et sa famille

 

 

Le 20 mars 1940, bouleversée par le déclenchement des hostilités et paniquée par la violence nazie qui déferle sur l'Europe, la grand-mère de Charlotte Salomon se défenestre sous les yeux de sa petite-fille.

 

Peu de temps avant, son grand-père lui avait révélé un terrible secret familial : depuis trois générations, les femmes de sa famille se suicident. Elle apprend ainsi que sa mère n’est pas morte d’une grippe en 1926 mais qu'elle s’est suicidée. De même, elle porte le prénom de sa tante, qui s'est noyée peu avant sa naissance.

 

En mai 1940, l’Allemagne envahie la France. On se méfie alors des réfugiés allemands qui sont regroupés dans des camps. Charlotte est envoyée, avec son grand père, à Gurs, dans les Pyrénées Atlantiques. Compte tenu de l’état de santé de son grand père, ils sont libérés peu après.

 

Charlotte retourne dans le sud-est de la France. Mais cette région passe sous le contrôle direct des Allemands à partir de 1942. Elle vit donc dans la clandestinité.

 

 

En 1943, en application de la Solution Finale, Charlotte est arrêtée par la Gestapo (suite à une dénonciation) et envoyée à Auschwitz. Enceinte, elle est exterminée dès son arrivée au camp.


 

Son  OEUVRE, TOUTE SA VIE

 

Dans les années 40, Charlotte Salomon, isolée dans un pays dont elle ne parle pas la langue, et avec pour unique parent un vieil homme qui la rejette, doit faire face à la guerre et à une malédiction familiale qui programment toutes les deux sa mort.

 Ã€ cette situation tragique, elle décide d’apporter une réponse en mettant en scène son histoire à l’aide de peintures, de textes, de musiques.

Elle se consacre entre 1940 et 1942 à son Å“uvre autobiographique Leben ? Oder Theater ?, et peint ainsi en 18 mois plusieurs centaines de gouaches réalisées à partir des trois seules couleurs primaires : rouge, bleu et jaune. Ces tableaux montrent sa famille et ses amis, mettent en scène son enfance et sa jeunesse mais aussi les événements qu'elle a traversés. C'est une Å“uvre complexe qui s'accompagne aussi de textes et de musique. Les textes sont simples, y sont intégrées des citations de la littérature allemande. 

Charlotte Salomon les intègre dans ses tableaux, un peu comme dans une bande dessinée. En 18 mois, Charlotte Salomon produit plus de 1300 gouaches (elle en gardera finalement 841 pour composer son oeuvre) et des centaines de calques calligraphiés.

 

Peu avant sa déportation , elle confie les gouaches de Leben? Oder Theater? à un ami médecin  avec ces mots : «Gardez- les bien, c’est toute ma vie.» 

Son Å“uvre est restituée à son père Albert Salomon et à sa belle-mère Paula Lindberg en 1947, qui la conservent plusieurs années dans des boites recouvertes de tissus. A la fin des années 50, ils en révèlent l'existence au Stedelijk Museum d'Amsterdam qui en fait plusieurs expositions. Et en 1971, ils la confient au Jewesh Historical Museum d'Amsterdam, où elle se trouve aujourd'hui encore.

Couverture du livre

Vie ? Ou théâtre ?

Dans cette vidéo, un journaliste interroge le père et la belle-mère de Charlotte Salomon.

 

Dans cette seconde vidéo, la vie de Charlotte Salomon ainsi que son livre Vie ? ou Théâtre ? sont expliqués en détails.

Kristallnatch

     Oeuvre en gouache de l'artiste Charlotte Salomon, peinte entre 1940-1942 représentant la Nuit de Cristal dit "kristallnatch" en Allemand. 

     

     La Nuit de Cristal est le nom donné aux violences antisémites qui, à l'instigation du parti nazi, embrasèrent, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, la plupart des villes d'Allemagne et d'Autriche. Elle se solda par la mort de 91 juifs, la destruction de 7 500 magasins et l'incendie de plus de 250 synagogues. Ce pogrom fut aussi le signal de la première vague d'arrestations de plus de 35 000 Juifs qui furent aussitôt déportés vers les camps de concentration alors existants : Dachau, Oranienburg-Sachsenhausen et Buchenwald.

L'histoire  avant  l'oeuvre ...

 

          En janvier 1933, après la nomination d'Adolf Hitler au poste de Chancelier, se produisent les premières persécutions des « ennemis du peuple allemand » : les communistes, les sociaux-démocrates, les socialistes, les francs-maçons et surtout la communauté juive sont interdits d'exercer certaines professions ou fonctions.

          En septembre 1933, en raison de l'antisémitisme ambiant, Charlotte quitte le lycée un an avant le baccalauréat et intègre l'académie des beaux-arts de Berlin. Là encore, à cause de l'antisémitisme, elle doit interrompre ses études.

          Son père, le professeur Salomon reçoit l'interdiction de professer à l'Université et ne peut plus exercer la médecine qu'auprès des populations juives. En 1936, il est arrêté par les nazis et est interné dans le camp de concentration de Sachsenhausen.

          En janvier 1939, peu après la Nuit de Cristal, Charlotte quitte Berlin pour rejoindre ses grands-parents allemands dans le sud de la France à Villefranche-sur-Mer. C'est dans la maison d'Ottilie Moore, une femme américaine, qu'ils résident avec d'autres réfugiés.       

 

l'analyse  du  tableau 

  • Premier plan :

Nous pouvons voir deux policiers nazis, le torse en avant, la tête haute, l'allure fière, et la main armée, pousser violemment avec le pied trois juifs la tête basse. Un peu plus haut, il y a des sortes de cercles, de groupes de personnes juives entourées pas les policiers comme une arrestation massive.

 

  •  Deuxième plan :

Nous pouvons encore remarquer d'autres groupes de juifs arrêtés par les nazis mais nous pouvons aussi voir des magasins juifs saccagés en bas des immeubles. Sur le bord de toutes les fenêtres des immeubles, des drapeaux nazis sont accrochés pouvant se confondre de loin Ã  du sang.

 

  • Troisième plan :

Nous pouvons lire en haut à droite du tableau " Juda verrecke nehmt alles was ihr nehmen konnt" qui veut dire "Mort aux Juifs ! prenez tout ce que vous pouvez prendre " ordre des  nazis  lors de la Nuit de Cristal.

Nous pouvons donc conclure, que Charlotte Salomon a peint ce tableau comme une femme Ã©crirait dans son journal intime afin de résister aux mauvaises choses qui peuvent arriver dans la vie de tous les jours, mais aussi, nous pouvons supposer que Charlotte a été témoin de la Nuit de Cristal, (sans pour autant être remarquée et arrêtée) car il y a énormément de précision dans son tableau (par exemple, le nom des magasins ecrits sur les immeubles).

Nous pouvons dire que c'est une artiste très impliquée et qui a su peindre dans les pires conditions.

 

 

Autres oeuvres de Charlotte Salomon...

Côte d'Azur

Leden Oder Theater

          Ces tableaux mettent en scène sa jeunesse mais aussi les événements qu'elle a traversés.  Elle utilise des couleurs vives.

 

 

Der Stürmer

Sur la pancarte est écrit :

 

Le Juif n'a cessé de faire de l'argent avec votre sang. Les bonzes* juifs ont payé la guerre mondiale. Il vous a menti et trahis, alors hommes et femmes allemands! Exercez votre vengeance!!! Que sous le couteau gicle le sang juif, et alors vous irez à nouveau très bien. Commencez par réduire en miettes les vitres de ces porcs de Juifs.

 

1er avril 1933

Boycottez les Juifs!

Qui achète chez un Juif est lui-même un porc.

 

*bonze: personne qui parade, qui se met en avant.

Analyse  du  tableau

Sur le panneau, figure Der Stürmer qui est un journal allemand, un hebdomadaire nazi publié par Julius Streicher de 1923 à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Participant et procédant de la propagande nazie, Der Stürmer était antisémite.

De plus, Der Stürmer comportait sur chaque journal et sur chacune de ses éditions, dans le bas de sa première page écrits en grosses lettres : « Die Juden sind unser Unglück », signifiant en français « Les juifs sont notre malheur ».

Cette phrase d'un extrême racisme reflétait la haine que manifestaient les nazis.

Le personnage sur le panneau est la caricature d'un Juif.

 

Nous pouvons observer trois types de personnages:

Il s’agit des SA, la milice du parti nazi. On les reconnait à la couleur de leur uniforme et au drapeau nazi.

Ils sèment la terreur dans toute l’Allemagne.

ICes groupes de personnes détruisent les vitrines des magasins juifs. L’immeuble parait en feu.

Il s’agit de la Nuit de Cristal (novembre 1938)

EN CONCLUSION

 

L'oeuvre de Charlotte Salomon est un acte de résistance car elle s'est exprimée sous forme de peinture dans un monde où le moindre faux pas est puni par la loi de l'occupant.

 

Ces personnages sont des allemands qui lisent le journal Der Stürmer. Ils sont passifs face aux mesures antisémites. Le régime totalitaire les empêche de manifester leur éventuelle opposition.

 

 

Charlotte face à l'histoire de sa famille

Cette gouache est une oeuvre de Charlotte Salomon, elle est accompagnée d'un calque qui raconte le déroulement de la scène.

Dans cette oeuvre, Charlotte raconte l'histoire de sa famille.

Dans ce calque, Charlotte Salomon s'est fait un plan de la scène de sa gouache.

Sur le calque, il est dit que Mr et Mme Knarre sont sur le point de prendre leur repas du soir. Madame Knarre éprouve de façon inexplicable une vive inquiétude et se précipite vers la chambre de sa fille.

Elle croise l'infirmière devant la porte et lui fait des reproches. Un regard vers la fenêtre ouverte, et elle sait ce qui s'est passé; elle descend précipitamment l'escalier.

Monsieur Knarre a suivi sa femme. Albert, le père de Charlotte apprend la terrible nouvelle par téléphone, mais Charlotte n'en sait encore rien.

L'histoire  avant  l'oeuvre ...

 

 Avant cette première gouache, le mariage d'Albert et de Franziska est évoqué, il aura lieu en 1915. Franziska est la fille de Mr et Mme Knarre. Lors de ce mariage, les témoins sont Mr Knarre et le frère d’Albert. Après le passage à la mairie, la couturière et son assistante se donnent de la peine pour arranger Franziska. Elle a l’air si charmante et est si heureuse lorsque prenant le bras de l’aimé Albert, elle défile devant l’assemblée. Monsieur, mais surtout Madame Knarre, ont un air songeur et triste qui se détache de la gaité. D’après la mélodie : ’Wir winden dir den Jungfernkranz’ (Nous te tressons la couronne de la vierge) la chanson choisie de l’opéra se place entre le mariage espéré et la mort rêvée pour Franziska - ce qui semble être en accord avec le regard attristé des parents de la mariée. Car Franziska après plusieurs tentatives de suicide se donne la mort en sautant du troisième étage en 1926. C’est donc cette mort qui est évoquée dans le premier tableau. Cette gouache représentant son décès reprend la même chanson, cette fois le titre en entier :« Wir winden dir den Jungfernkranz mit veilchenblauer Seide . Franziska ist gleich tot, denn die Wohnung liegt im dritten Stock. Es ist nichts mehr an dem Unglück zu ändern. » (Franziska meurt sur le coup, l’appartement est au 3e étage. Le malheur est arrivé, rien n’y fera.)

L' analyse  du  tableau 

  • En haut  :

    nous pouvons voir Mr et Mme Knarre qui sont en train de prendre leur repas du soir.  La grand-mère a un pressentiment : elle se précipite dans la chambre de sa fille.

    Puis nous pouvons observer Mme Knarre et l'infirmière. On peut voir que Mme Knarre est en train de parler, faire des reproches comme il est dit sur le calque, à l'infirmière.

 

  • Au milieu à gauche :

    La grand-mère ne peut que constater que sa fille s’est défenestrée.

 

  • En bas à gauche :

    ici, il y a Charlotte Salomon représentée assise sur son lit, seule, éveillée. On peut voir qu'elle est encore jeune. Elle n'est au courant de rien.

 

Albert, le père de Charlotte, est au téléphone : il apprend la terrible nouvelle, sa femme s'est suicidée.

Charlotte Salomon, une résistante

 

Le médecin de Charlotte Salomon (le docteur Moridis à qui elle a confié son œuvre peu avant sa déportation) lui conseille de peindre pour vivre : pour dépasser le destin tragique de sa famille et pour faire face aux menaces qui pèsent sur elle suite à l’occupation allemande en France.

Son oeuvre est donc un geste de survie dans un contexte de persécution.

C’est une œuvre qu’elle a gardé secrète, qu’elle n’a pas divulgué étant dans la clandestinité.

Mais en la confiant à son médecin, elle voulait laisser une trace : une trace de son existence, un témoignage sur ce qu’elle a vécu.

L’art a donc permis à Charlotte de résister, de tenir dans l’adversité.

Extrait de Vie ou Théâtre ?

Autoportrait

Pour Charlotte, l'art permet de résister face aux malheurs qu'elle traverse.

Conclusion

          Bien que des artistes aient mis leur talent au service de la Résistance, comme dans n’importe quelle autre catégorie de la population, d’autres artistes ont fait le choix inverse : collaborer avec l’occupant.

          Ces résistants, aux visages si différents, se sont donc raccrochés à l’art et à la littérature pour défendre la France et son identité.

          L'acte de résister par l'art nous rappelle également que la liberté d’expression est fragile et n’est toujours pas un droit partagé de tous. Aujourd’hui, ailleurs dans le monde, des artistes et des intellectuels luttent encore pour défendre leurs Å“uvres et leurs idées. Ils continuent à être victimes de la répression des régimes dictatoriaux de leur pays. Et même dans un pays libre et démocratique comme la France, la liberté d'expression peut déranger et être remise en cause. (ex: charlie Hebdo)

Pour en savoir plus sur la vie de Charlotte

Le romancier David Foenkinos évoque la vie de l'artiste au travers de son ouvrage Charlotte paru aux éditions Gallimard, prix Renaudot et Goncourt des Lycéens 2014.

 

Résumé :

 

Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant: "C'est toute ma vie." Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.

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